Grand cache pot quadripode bleu & noir, série gauloise, Accolay, circa 1950.
1944 -1989 L'ORIGINE DU GROUPE
En 1944, âgés d'une vingtaine d'années A. BOUTAUD, Louis DANGON, Slavic PALEY et RAUDE pour éviter le STO (Travail obligatoire en Allemagne) se retrouvent en formation au lycée professionnel de CLUNY (71) Ils ont Alexandre KOSTANDA comme enseignant de céramique
En cette fin 1944, toute cette " troupe " vient de quitter les caves de St Germain des Prés et le milieu " ZAZOU ". Ils se retrouvent chez un ami commun qui habite près d'Accolay, dans l'Yonne en Bourgogne, ou ils passent " des nuits à refaire le monde ". Pour leur usage personnel ils débutent dans un premier four à cloche la fabrication de boutons ,broches, bijoux en céramique
Une première conception en série débute
Ils embauchent un ouvrier : Fedor IOTSHINE
Très vite le groupe veut un four électrique de plus grande taille. Cest ainsi que le 26 Octobre 1945 ils s'installent à Accolay, au bord du canal dans une ancienne usine désaffectée renfermant un transformateur électrique.
LA POTERIE D'ACCOLAY
Fin 1947, c'est l'arrivée du premier tourneur professionnel BARACHANT , il travaillait des argiles de Provins (77) Puis c'est l'achat en 1948 du premier grand four 1,80 X 0,80 m. S. PALEY et DANGON ne tournent pas tellement
Daniel AUGER (né vers 1926 ) arrive comme apprentis puis continuera comme tourneur jusqu'à son départ pour St Amand en Puisaye
Très vite BOUTAUD a non seulement l'idée en substitution de la silice de récupérer et broyer du verre blanc mais également de mettre comme liant dans les argiles de Provins du verre médical (Verrerie de Pont/Yonne) car il a une très forte teneur en plomb, ce dernier a la propriété de permettre d'abaisser la T° de cuisson du biscuit
C'est peut être la spécificité des poteries d'Accolay . Un apport extérieur de plomb fait dans la composition de la terre. Il fallait broyer très fin pour éviter que le tourneur ne se blesse ou que la terre perde ses propriétés. Le biscuit ne fuyait pas
On obtenait également des émaux surprenant en y incorporant ce même verre saturé en plomb. Il fallait par contre émailler les " culs " pour éviter la porosité
Très vite l'engobe à l'aide d'ocre se généralise. La terre blanche de Provins prend des teintes chaudes du grès ! Les potiers seront propriétaire d'une carrière à Provins et " feront " leur terre
L'usage du verre plombé baissera la dépense énergétique et par là même le prix de revient.
LA FIN
Première crise : ils ne sont pas sur l'autoroute ! Le flux commercial change d'axe, la nationale est beaucoup moins fréquentée. Ensuite Mai 68 avec son retour au grès traditionnel à la " pauvre pièce unique monochrome traditionnelle ". Accolay comme Vallauris ne passe pas bien cette révolution du goût : pour la nouvelle génération qui veut une " oeuvre " on lui propose un produit de consommationLa crise pétrolière obère la rentabilité des grosses stations d'essence à 200 Kms des grandes villes. La consommation d'essence baisse, les arrêts sont moins fréquents. La couleur et un peu d'humour disparaissent . La résine CEPAMINE et le métal dans l'esprit du GEMAIL /vitrail remplacent de plus en plus la terre dans la production des " potiers ". Ils deviennent décorateurs! BOUTAUD décède dans les années 80 .Sa succession est difficile au sein de la S.ALa fabrication s'arrête en 1989 L'aventure des POTIERS D'ACCOLAY peut se résumer en l'utopie d'une communauté ZAZOU qui tourne à l'ordre religieux pour déboucher sur un très grand succès populaire. Ils méritent maintenant la reconnaissance intellectuelle et médiatique de l'histoire des trente glorieuses (1945-1975).